Les Deux Magots

On trouvait au XIXe siècle un magasin de nouveautés dont l’enseigne était décorée de deux figurines chinoises (les « deux magots ») qui donnent son nom à cet établissement. Il est transformé en café en 1885. Verlaine, Rimbaud et Mallarmé ont déjà l’habitude de s’y retrouver, en raison de sa localisation centrale et ses bas prix. En 1933, la création du Prix des Deux Magots confirme la vocation littéraire du café, qui est fréquenté par Louis Aragon, André Gide, Picasso, puis les surréalistes avec André Breton.

« C’est une époque où à Paris pour un artiste, l’argent ne compte pas. On peut vivre avec très peu d’argent. On peut prendre un café aux Deux Magots, au Dôme ou à ces endroits-là. On peut vivre de rien. » Hervé Télémaque[i].

[i] Hervé Télémaque, entretien avec Sébastien Gokalp pour l’exposition, 2022.

La terrasse du café Aux Deux Magots sur la place Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1960. © Charles Ciccione/GAMMA RAPHO

Le Tabou

Ouvert en 1947 dans la cave de l’hôtel d’Aubusson, rue Dauphine, le Tabou est un des clubs de danse et de jazz les plus populaires de Saint-Germain-des-Prés. Auparavant un café tenu par un couple de Toulousains, il était déjà fréquenté par la foule noctambule du quartier, comme il était le seul à rester ouvert toute la nuit. Une fois transformé en cave-club à l'initiative de Juliette Gréco, il devient le quartier général de Boris Vian qui y joue et y amène ses amis artistes et écrivains amateurs de jazz et d’alcools américains, dont notamment le groupe existentialiste. Il ferme en 1962.

« Très vite, le Tabou est devenu un centre de folie organisée. Disons-le tout de suite, aucun des clubs qui suivirent n'a pu recréer cette atmosphère incroyable, et le Tabou lui-même, hélas ! ne la conserva pas très longtemps, c'était d'ailleurs impossible. » Boris Vian[i].

[i] Boris Vian, Manuel de Saint-Germain des Prés, Paris, éd. du Chêne, 1974.

American Center

Suite au G.I. Bill de 1944, beaucoup de jeunes Américains se rendent en France pour conduire des études artistiques et profiter de l’Europe d’après-guerre. Cette « seconde occupation de Paris[1] » fait de Montparnasse le quartier général des étudiants américains. L’American Center, fondé en 1920 au 108, boulevard Raspail et déménagé plus au cœur du quartier en 1934, devient leur lieu de référence. Centre culturel et artistique, il accueille dans les années 1960 de nombreuses expositions et happenings artistiques à la pointe de l’art contemporain. 

« Le lieu s’y prêtait, il est devenu une sorte de caverne d’Ali Baba enclavée dans une France étriquée. Des musiciens, des danseurs, des peintres, des sculpteurs, des photographes, des gens qui ne savaient pas qu’ils allaient devenir des étoiles comme Steve Lacy, ou John Cage, ou Lucinda Childs, tout ce monde s’est retrouvé à l’American Center. » Nelcya Delanoë[i].

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Tetsumi Kudo, Erró, Joan Mitchell, Zao Wou-Ki

En savoir plus sur les artistes

[1] Michael Plante, « The “Second Occupation”: American Expatriate Painters and the Reception of American Art in Paris, 1946-1958 », PhD, Histoire de l’art, Brown University, 1992.

[i] « Patiences de la ruse. Entretien avec Nelcya Delanoë », in Vacarme, vol. 2, n° 23, 2003, pp. 4-12.

American Center, Paris, vers 1980, licence creative commons.

Académie de la Grande Chaumière

Fondée en 1904 par une artiste peintre suisse, Martha Settler, l’Académie de la Grande Chaumière est au départ un atelier de peintre et de sculpture d’après modèle vivant destinée aux femmes artistes de Montparnasse, nouveau quartier artistique. A l’époque, elle est la seule académie indépendante de Paris. Ce lieu entend résister contre le cadre contraignant de l’enseignement proposé aux Beaux-Arts. Elle obtient rapidement une renommée internationale qui lui permet, grâce à l’arrivée des étudiants états-uniens après 1945 notamment, d’ouvrir des cours illustres comme celui d’Ossip Zadkine ou l’Atelier d’art abstrait. Elle est rachetée et fusionnée avec l’Académie Charpentier, une autre grande école d’art voisine, en 1957.

« C’était une atmosphère très libre, il n’y avait pas d’horaire obligatoire, pas de contraintes. On venait, on travaillait, on repartait. C’est là que j’ai connu des G.I’s, qui étudiaient la peinture grâce à des bourses données par leur gouvernement. L’ambiance était gaie, légère, nous étions tous portés par le même but : la peinture. » Zao Wou-ki[i].

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Iba N’Diaye, Alicia Penalba, Maria Helena Vieira da Silva, Shafic Abboud, Zao Wou-Ki, Jesús-Rafael Soto

En savoir plus sur les artistes

[i] Zao Wou-ki, Autoportrait, Fayard, 1988.

Académie de la Grande Chaumière, Paris, 2010, licence creative commons.

École nationale supérieure des Beaux-Arts

Fondée en 1817, l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA) est l’établissement français le plus prestigieux en matière d’enseignement artistique. Sous la tutelle de l’État et héritière de l'Académie royale de peinture et de sculpture, elle défend jusqu’en 1968 un académisme sévère qui ne colle pas avec les idéaux des artistes modernes au début du XXe siècle. Les élèves étrangers y restent extrêmement minoritaires jusqu’aux années 1950. Ce décalage conduit à la création, autour des Beaux-Arts et à Montparnasse, d’une multitude d’académies indépendantes à l’enseignement plus libre qui attire ce jeune public, bien que l’ENSBA reste une référence dans le domaine. En 1945, sa réputation est toutefois fragilisée par la présence de collaborateurs de l’ancien occupant allemand dans ses rangs.

En mai 1968, des étudiants et professeurs en grève mobilisent les salles de l’école pour y installer l’Atelier populaire, un atelier de sérigraphie qui fournit les manifestants en affiches et slogans. Les affiches sont produites principalement par les artistes du mouvement de la figuration narrative, comme Eduardo Arroyo ou Erro. L’ENSBA est l’un des établissements qui subissent la plus longue occupation des étudiants en grève. Suite à ces évènements, l’organisation de l’école est revue pour laisser plus de place aux techniques contemporaines.

ETUDIANTS : Shafic Abboud, Antonio Seguí, Iba N’Diaye

ATELIER POPULAIRE DE 1968 : Eduardo Arroyo, Erró, Julio Le Parc, Roberto Matta

En savoir plus sur les artistes

École des Beaux-Arts de Paris, 2012, licence creative commons

Atelier 17

Installé au 17, rue Campagne-Première, l’atelier de gravure de Stanley William Hayter est un lieu incontournable du Montparnasse des artistes. Cet artiste graveur et écrivain britannique actif en France et aux États-Unis est considéré comme l’inventeur de la gravure d’art. Il fonde son atelier en 1927 et emménage au n° 17 en 1933. S’y retrouvent de grandes figures telles que Picasso ou Matta, encouragés par Hayter qui ne considère pas la gravure comme un simple outil de reproduction : elle peut aussi être un médium de création. Pendant la guerre, Hayter s’exile aux États-Unis avec d’autres artistes parisiens et y continue son activité, avant de rentrer en France en 1950. En 1954, l’atelier rouvre ses portes dans les locaux de l’Académie Ranson à Paris avant de déménager souvent de locaux à partir de 1961.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Roberto Matta, Maria Helena Vieira da Silva, Alicia Penalba, Wilfredo Lam, Zao Wou-Ki, Julio Le Parc

En savoir plus sur les artistes

Atelier 17, 1968, site de l’atelier

Cité internationale universitaire

Installée aux limites sud de Paris, à côté du parc Montsouris, la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) est un vaste campus universitaire unique en France. Elle y réunit une quarantaine de maisons abritant les logements d’étudiants, de chercheurs et d’artistes français et étrangers. Chaque maison est rattachée à un pays étranger et y accueille en priorité leurs ressortissants. Véritable ville dans la ville, elle est édifiée à partir de 1925 et propose toutes sortes d’activités à ses résidents (gymnases, bibliothèques, salles de spectacle, mais aussi bars et lieux de restauration). Dès sa conception dans l’entre-deux-guerres, elle ambitionne à la fois d’apporter une solution à la crise de logements des étudiants qui persiste depuis la fin du XIXe siècle, de rendre Paris plus attractive pour la formation des élites étrangères, et de contribuer au rayonnement international de la France.

Artistes de l'exposition passés par la Cité : Iba N’Diaye, Julio Le Parc, Carlos Cruz-Diez, Alicia Penalba.

En savoir plus sur les artistes

Maison internationale, Cité internationale universitaire de Paris, Patrick Giraud, 2013, licence creative commons

Cité internationale des arts

La Cité internationale des arts est l’aboutissement d’un projet conçu dans l’entre-deux-guerres de créer une structure d’accueil des artistes du monde entier et de donner un ancrage territorial au statut de Capitale des arts de Paris. Portée par Félix et Simone Brutau et la Ville de Paris, elle prend forme en 1957, tandis que ses locaux officiels sont inaugurés en 1965. Cette cité est composée d’ateliers-logements qui sont disponibles à la location après sélection des artistes. Elle fonctionne grâce au soutien de souscripteurs internationaux. 

Artiste de l'exposition passés par la Cité  : André Cadere

En savoir plus sur l'artiste

Cité internationale des arts, Paris, 2017, licence wikimedia commons

Musée national d'art moderne et Musée d'art moderne de la ville de Paris

C’est à l’occasion de l’Exposition internationale des Arts et techniques de 1937, que sont créés à Paris deux musées d’art moderne, installés chacun dans l’une des deux grandes ailes du Palais de Tokyo, dont la construction commence en 1936. L’un est celui de la Ville de Paris, inauguré en 1961 dans l’aile Est pour présenter au public la partie la plus contemporaine des collections du Petit Palais, et l’autre, installé de 1938 et 1977 dans l’aile Ouest, accueille les collections contemporaines du musée du Luxembourg et du Jeu de Paume, et devient le Musée national d’Art moderne. À partir de 1940, il accueille le Palais des Salons artistiques organisés par l’Entraide des Artistes, principalement pour éviter que le bâtiment ne soit réquisitionné par les autorités allemandes. De 1946 à 1969, le Salon de Mai et le Salon des réalités nouvelles s’y déroulent, puis le Salon de la jeune peinture à partir de 1954, et enfin la Biennale de Paris à partir de 1959.

Musée national d’art moderne. Exposition Internationale des Arts et Techniques dans la Vie Moderne, Paris, 1937. Licence creative commons.

La Ruche

Fondée en 1902 par le sculpteur Alfred Boucher, cette résidence d’artistes est conçue dans la lignée des autres phalanstères parisiens, c’est-à-dire des cités d’artistes proposant des loyers bas et des infrastructures encourageant les sociabilités entre peintres (académies, salles d’exposition, théâtre). Elle devient rapidement la plus connue d’entre elles. Ses locaux du passage de Dantzig accueillent quarante-sept ateliers d’artistes. Elle tire son nom de la forme circulaire reconnaissable du bâtiment principal, qui rappelle celle d’une ruche d’abeilles et qui avait été construit pour le pavillon de la Gironde dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900. La troisième génération d’artistes des années 1950 y monte, entre autres, le Salon de la jeune peinture à partir de 1950. Elle continue aujourd’hui d’accueillir des artistes.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Eduardo Arroyo (1973-2018), Iba N’Diaye (1967-2008), Judit Reigl (1950-1963)

En savoir plus sur les artistes

La Ruche depuis la rue, Paris, 2021, licence creative commons.

Galerie Daniel Cordier

En 1956, Daniel Cordier, secrétaire, ami de Jean Moulin et résistant, décide d’ouvrir sa galerie d’art, rue de Duras. Depuis la fin de la guerre, il s’intéresse à la peinture, suite à une visite du Prado en 1944, et à l’art contemporain, suite au Salon des réalités nouvelles de 1946. La galerie déménage rue de Miromesnil en 1959 pour profiter de salles plus vastes. Il privilégie d’abord l’art abstrait, en particulier les créations abstraites dont l’inspiration est dans l’inconscient, l’irrationnel, le fantastique. Il introduit Dado et Bernard Réquichot, entre autres, au monde de l’art parisien.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Dado, Erró, Roberto Matta, Eduardo Arroyo

En savoir plus sur les artistes

Galerie Daniel Cordier. Photo issue du site du musée des Abattoirs de Toulouse de Paris – Inconnu. Domaine public.

Galerie Mathias Fels

Ouverte en 1955 par Mathias Fels, fils d’un critique d’art d’origine allemande, et Rosa Faure sur le boulevard Haussmann à Paris, cette galerie prend son envol en devenant l’un des premiers lieux de réunion de l’avant-garde figurative des années 1960, notamment grâce à l’influence de Nicolas de Staël. S’y déroulent l’exposition de la “Nouvelle Figuration” en 1961 puis, en 1965, la seconde “Fête à la Joconde” inspirée de l'événement organisé par Milvia Maglione en 1964, qui célèbre le jeune mouvement de la Figuration narrative.

“Dans les années 1960, les marchands étaient partiellement en quête de nouveauté. mais on vivait dans un milieu extrêmement timide, timoré. On a commencé chez Mathias Fels. C’était l’une des rares galeries dites d’avant-garde de l’époque. Cela donne une idée de la situation dans laquelle nous vivions.” Entretien de Télémaque, 1990, dans Ecrits, entretiens, Beaux-arts de Paris Editions, 2015.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Erro, Maglione, Dado, Arroyo, Télémaque, Segui, Kudo, Vieira da Silva.

En savoir plus sur les artistes

Galerie Denise René

Fondée en 1944 par Denise René, de son vrai nom Denise Bleibtreu, dans les locaux de son atelier de mode, la galerie devient rapidement l’un des lieux phares de la peinture abstraite à Paris. Y exposent à la fois les membres du jeune mouvement de l’abstraction géométrique, et les grands noms d’avant-guerre oubliés ou méconnus. Selon Denise René, « l’art, pour exister, doit inventer de nouvelles voies. » Au début des années 1950, l’art passe par un rejet de la figuration.

Elle organise en 1955 une exposition de renommée historique, Le Mouvement, qui lance le courant de l’art cinétique dans l’École de Paris. Denise René fut indubitablement une actrice essentielle de l’École de Paris, notamment dans ses discussions avec Victor Vasarely, figure de proue de l’art cinétique, ou en organisant la première exposition personnelle à Paris de Mondrian en 1957.

« Quand on franchit le seuil de la galerie Denise René on hésite un instant à se croire dans une galerie d’art. Il y a tant de tableaux fondés sur l’illusion d’optique, sur les impressions rétiniennes [...] qu’on s’imagine un instant dans le cabinet de curiosité d’un mathématicien. » Jean-Dominique Rey[i].

Artistes de l'exposition passés par la galerie :  Victor Vasarely, Jesús-Rafael Soto, Julio Le Parc, Carlos Cruz-Diez

En savoir plus sur les artistes

[i] Jean-Dominique Rey, « Le tour des expositions », in Jardin des Arts, n° 108, Paris, novembre 1963.

Denise René et les artistes de sa galerie, Paris, 1963. Photographie André Morain © Photo André Morain, Paris

Galerie Pierre

En 1924, Pierre Loeb, critique d’art et amateur de surréalisme, fonde sa galerie au 13, rue Bonaparte (puis déménage rue des Beaux-arts en 1926), en collaboration avec Henriette Gomès qui est alors modèle. Cette galerie devient rapidement l’un des lieux principaux d’exposition et de vente des peintres surréalistes et cubistes. Pendant la guerre, la famille Loeb, d’origine juive, s’exile à Cuba, avant de revenir à Paris où Pierre Loeb reprend avec difficulté son activité. Il expose notamment les peintres de l’École de Paris, les créations du groupe CoBrA. La galerie ferme en 1963, quelques mois avant le décès de son propriétaire.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Maria Helena Vieira da Silva, Zao Wou-Ki, Wilfredo Lam

En savoir plus sur les artistes

Portrait de groupe avec Maria Helena Vieira da Silva, Jacques Germain, Georges Mathieu, Jean-Paul Riopelle, Zao Wou-Ki et Pierre Loeb, Galerie Pierre, Paris, vers 1953. Photo © Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb

Galerie du Dragon

En 1954, la galeriste Nina Dausset quitte la Librairie-Galerie du Temple où elle travaillait jusque-là. Le poète Max Clarac Sérou reprend le flambeau et fait de l’endroit une galerie d’art où se retrouvent Alain Jouffroy, Michel Butor ou Édouard Glissant, et des artistes tels que Matta ou Giacometti. Elle fait partie des lieux phares de l’art contemporain parisien à partir de la fin des années 1950.

« J’ai été en relation avec les surréalistes par l’intermédiaire d’une galerie qui se trouvait rue du Dragon, qui s’appelait la Galerie du Dragon, et qui s’est brouillée avec les surréalistes quelques années plus tard. On se brouillait beaucoup dans ce milieu-là [rires]. » Michel Butor[i].

Artiste de l'exposition passés par la galerie : Roberto Matta

En savoir plus sur l'artiste

[i] « Michel Butor, entretien avec Gérard Durozoi et Mireille Calle-Gruber », in Roman 20-50, vol. 1, n° 57, 2014.

Galerie Jeanne Bucher

Fondée en 1925, la galerie Jeanne Bucher est l’un des lieux phares de l’art contemporain des années 1920 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir partagé ses locaux avec une librairie pendant quelques années, la galerie déménage au 5, rue du Cherche-Midi en 1929. Elle y accueille de jeunes artistes prometteurs comme Giacometti et Vieira da Silva. En 1935, elle emménage boulevard du Montparnasse, où elle montre Kandinsky, Raoul Dufy, Fernand Léger ou Man Ray. À la mort de Jeanne Bucher en 1947, Jean-François Jaeger continue son travail et déplace la galerie à Saint-Germain-des-Prés dans les années 1960.

Artistes de l'exposition passés par la galerie : Antonio Seguí, Maria Helena Vieira da Silva, Dado

En savoir plus sur les artistes

Le Dôme

Installé depuis 1898 au 108, boulevard du Montparnasse, Le Dôme est le pendant parnassien des illustres Café de Flore et des Deux Magots, et le grand concurrent de La Rotonde. Très vite, il est fréquenté par les artistes et écrivains du quartier, en particulier par les Américains et les Britanniques. Parmi les « dômiers » de l’entre-deux-guerres, on compte par exemple Picasso, Max Ernst ou Lénine.

« C’était à la fois la maison commune, la place publique, l’auberge, le forum, l’hôtel des ventes, le ghetto, la cour des Miracles. Devant un café-crème, on y avait chaud l’hiver. Des tribus se réunissaient autour d’une table. » André Warnod, Souvenirs, Fayard, 1955.


Le Dôme, carte postale, Paris, entre 1900 et 1930, A. Leconte. Licence wikimedia common

Club Saint-Germain

Un an après l’ouverture du Tabou, ce nouveau club apparaît sur la scène germanopratine. Il est plus sélectif dans sa clientèle, accueillant en priorité des intellectuels, écrivains et artistes connus de l’époque. L’orchestre de Boris Vian – qui est l’un des fondateurs de la cave-club – s’y produit à partir de 1948, puis les grandes stars américaines de passage à Paris. Il devient le quartier général du Hot Club de France, une association d’amateurs de jazz qui organise la venue de musiciens étrangers.  Comme le Tabou, il est victime de sa popularité et ferme dans les années 1960, alors qu’il est devenu une attraction touristique pour les visiteurs de Saint-Germain. 

Présence Africaine

Présence Africaine est d’abord une revue, créée en 1947 par Alioune Diop, un jeune intellectuel sénégalais, alors que le panafricanisme est à son apogée. Diop ambitionne de donner une voix à la culture africaine au cœur du concert des nations. Les débuts sont difficiles : la revue dispose de peu de moyens dans un Paris en pleine reconstruction. Mais, rapidement, Diop réunit sur ses pages des grands noms tels qu’André Gide, Jean-Paul Sartre ou Léopold Sédar Senghor.

Deux ans plus tard, il fonde une maison d’édition du même nom pour donner aux écrivains et penseurs d’Afrique et de la diaspora un espace d’expression. Maison engagée, elle publie au cours des années 1950 de nombreux textes anticolonialistes et devient le porte-parole du mouvement de la Négritude. 

Shakespeare & Co.

Librairie anglophone fondée en 1919 au 12, rue de l’Odéon par Sylvia Beach, l’endroit est un véritable point de ralliement pour les écrivains américains alors installés en France – James Joyce, Ernest Hemingway, F. Scott Fitzgerald ou Ezra Pound – et pour leurs homologues français. La librairie de Beach ferme en 1941. Une autre librairie anglophone, fondée par George Whitman en 1951 sur les bords de Seine, conserve le même nom en son hommage. Cette nouvelle librairie poursuit le travail entamé par Beach en réunissant de grands noms tels qu’Allen Ginsberg, Anaïs Nin, Richard Wright ou James Baldwin. Les écrivains qui s’y rendent peuvent y trouver le gîte et le couvert, moyennant un coup de main à la librairie ponctuellement. Selon l’établissement, plus de trente mille auteurs sont passés par ses murs depuis son ouverture.

Shakespeare and Company, Paris, juillet 2007. Licence creative commons.

Café de Flore

Fondé en 1887, le café tire son nom d’une statue de la divinité éponyme qui se tient en face, de l’autre côté du boulevard.  Il commence son histoire littéraire avec Charles Maurras, avant de devenir la salle de rédaction de la revue Les soirées de Paris dirigée par Apollinaire. L’avant-garde des poètes parisiens s’y retrouvent. C’est là que naît le dadaïsme. Dans les années 1930, des peintres tels que Giacometti ou Picasso s’y installent, bientôt suivis par « la bande à Prévert ».

Sous l’Occupation, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir y montent leur camp. Après-guerre, au milieu du Saint-Germain-des-Prés du jazz dont Boris Vian écrit le guide, ce véritable laboratoire créatif réunit tous les artistes et écrivains du quartier. Dans les années 1960, les mondes du cinéma et de la mode investissent ces lieux, côtoyant une nouvelle génération littéraire. 

Café de Flore à Saint-Germain-des-Prés, Willem van de Poll, 1956, Archives nationales des Pays-Bas, licence creative commons.

Atelier de Shafic Abboud

« Je vis avec le sentiment de quelqu’un à côté, et comme d’autre part je répugne à faire partie de « Libanais à Paris », un atroce sentiment de solitude »
Notes manuscrites, 1 aout 1968, Archives Shafic Abboud.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Eduardo Arroyo

Paris, c’était le point de départ fondamental. La terre d’asile, le rendez-vous des Espagnols en fuite depuis Napoléon… […] Pour tous les intellectuels espagnols de ma génération, Paris était le port de salut, la respiration de nos vies. Paris est un lieu idéal pour peindre en liberté.
Deux balles de tennis, Eduardo Arroyo, Flammarion, 2017.

En savoir plus sur l'artiste

Foyer des étudiants maghrébins

Ahmed Cherkaoui y est installé entre 1956 et 1961.

Atelier de Carlos Cruz Diez

« Ce qui est étrange, c’est que, dans les années soixante, les Français ne comprenaient pas que je veuille m’installer dans cette ville qu’ils trouvaient décrépie, sale, et inintéressante. Cordier m’avait d’ailleurs dit, en 1965, que Paris était sans intérêt et qu’il fallait partir à New York. Je lui ai répondu que je resterai ici. A Paris se concentraient toutes les intelligences et toutes les nationalités j’ai connu plus de Sud-Américains à Paris que sur notre continent immense où les moyens de communication n'étaient pas aussi efficaces. […] Il y avait un échange affectif plus fort que n’importe ou dans le monde car les histoires étaient contées de personne à personne. C’est là que réside le charme de cette ville ».
L’atelier de Cruz-Diez, Marion Chanson, 2011

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Erró

« Jean-Jacques Lebel […] m’a dit ‘viens à Paris, on va te trouver un atelier, on va s’arranger’ et en 1958, je suis arrivé à Paris. Tout de suite, j’ai connu tout le monde ».
Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain, Claude Guibert, 1995.

En savoir plus sur l'artiste

Villa d'Alésia

Wifredo Lam y installe son atelier enre 1953 et 1963. 

« Ma fièvre et mon inspiration marchent au rythme de mon pays […]. C’est donc là-bas que je dois être, d’abord pour une raison très intime : pour le meilleur ou pour le pire, ma personnalité n’est pas européenne, bien que ce soit ici que doit se mesurer cet effort […] Ici je me sens comme postiche, comme un homme exotique, comme une sculpture noire ou océanienne du Pacifique […] qui en étant transplantée ici devient un produit stérile, une curiosité de musée ».
Wilfredo Lam, Cannes, 1946.

En savoir plus sur l'artiste

GRAV (Groupe de recherche d'art visuel)

Fondé dès 1960 le Groupe de recherche d’art visuel, cherche à redéfinir la posture de l’artiste, dépassant l’individualisme par le travail en groupe. Ses membres travaillent à éloigner leur subjectivité en déléguant les principes de création de leurs œuvres à des systèmes sériels préétablis, notamment mathématiques. Le groupe s’installe dans un petit garage qu’ils louent dans le Marais. Ils cherchent à repenser les relations entre art et spectateur en créant des œuvres immersives, ludiques et manipulables par les visiteurs, comme leur Labyrinthe présenté à la Biennale de Paris de 1963, leur premier succès, ou Une journée dans la rue (1966).

Julio Le Parc et Véra Molnar y travaillent entre 1958 et 1968, jusqu'à la dissolution du groupe.

En savoir plus sur Julio Le Parc

En savoir plus sur Véra Molnar

Atelier de Milvia Maglione

« J’ai fait ma première exposition personnelle en 1960 à Milan, puis en Europe, et à la Galerie des femmes en 1981.  La Galerie des femmes était une grande chance pour nous les femmes artistes, c’était un rêve qui se réalisait. Ainsi, quand mes toiles ont été présentées, avec d’autres, sur le stand de la Galerie à la FIAC, mon travail a fait un bond. C’était une opportunité extraordinaire ».
Catalogue des trente ans des Éditions des femmes, Paris, 2005.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Roberto Matta

Je me demande si un Français peut se représenter – est capable de l’effort d’imagination nécessaire pour se représenter – ce qu’est la vie d’un étranger pauvre à Paris. Surtout si cet étranger est un poète – ou un réfugié politique – et à plus forte raison un poète qui n’a pas encore découvert sa poésie. [...] Oui, qui pourrait imaginer parmi les Français une telle métèquematique, concevoir ce que peut être cette vie ?
Extrait de l’hommage de Matta à Breton dans la NRF à sa mort en 1966.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Joan Mitchell

« Comme identité, j’imagine une sorte d’échafaudage fait de châssis de peinture autour de beaucoup de chaos coloré. Je suis une marginale. Je me trouve vivre en France, je suis une étrangère. Pour connaître mon identité, j’ai besoin de savoir où je suis, de regarder des cartes ». Entretien avec Yves Michaud, Joan Mitchell, catalogue, galerie nationale du Jeu de Paume, 1994.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Iba N'Diaye

« J’étais dans un contexte colonial et je n’avais pas assez de maturité pour réaliser que je devais rompre avec ce contexte pour me découvrir moi-même. Au Sénégal, je ne pouvais pas penser que j’appartenais à une culture différente : je parlais français, je dessinais comme mes camarades français, je jouais au foot avec eux. C’est en France que j’ai réalisé combien j’étais différent. C’est n’est qu’à Paris, à la faveur des manifestations anticolonialistes, que je me suis aperçu que j’étais dans un carcan ».
Entretien avec Franz-W. Kaiser, 2002.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Alicia Penalba

« J’ai coupé les ponts pour ne plus revenir, de mon propre gré. J’ai tout laissé, j’étais prête à renaître pour mon at, à oublier la petite vanité attachée à ce que j’avais réalisé. Je suis arrivée en Europe sans toiles, sans rien, pour ne garder aucun souvenir. J’ai dressé une barrière ».
in Victoria Giraudo, Alicia Penalba. Paris après-guerre, Paris, Fage/Fondation Giacometti Institut, 2022

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Antonio Seguí

« J’ai loué un atelier et je me suis mis au travail, tout d’abord parce que c’était un lieu qui convenait à ce que je souhaitais, sans conflits ni agressions…. Mais cela ne m’a pas empêché de me sentir, comme maintenant encore à Paris, un peu de passage. Je me sens toujours très argentin, malgré tout le temps passé ici. J’ai toujours voulu y aller, mes valises ont toujours été prêtes ».
Antonio Seguí, 20 septembre 1975, interview avec El Cronista Comercial.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Jesús Rafael Soto

« Pour moi, la destination idéale était la France. C’était là que l’impressionnisme et le cubisme avaient émergé, et c’était là que de nouvelles tendances artistiques allaient naître, sans aucun doute. Quelques-uns de mes amis de l’école y étaient déjà allés et étaient revenus avec de merveilleuse histoires sur ce qu’il s’y passait dans les mondes de l’art. […] C’était mon idée : d’y rester jusqu’à ce que je résolve mon problème. […] J’étais dans un tel état de désespoir qu’un jour, j’ai fermé la porte de l’école et j’ai tout abandonné – je suis parti pour Paris ! »
Soto, Soto, pintura figurativa 1944-1959, cat., Caracas, Galería de Arte Inciba, Palacio de las Industrias, 1971.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Daniel Spoerri

« Je crois que ma patrie…mon capital, c’est d’être apatride. C’est ce qui me pousse à continuer. C’est ce qui fait que dès que je suis quelque part, je suis très curieux, je deviens tout de suite un Viennois, un Français, un Allemand ».
Daniel Spoerri. L’instinct de conversation, Paris, Buchet Chastel, 2018.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier d'Hervé Télémaque

« Quoique né dans la zone dollar, je comprends progressivement que je ne pourrai jamais devenir un peintre à plein titre. Impossible de trouver un atelier, etc., aucune présence « noire » dans les galeries, musées, à part quelques gouaches discrètes de Jacob Lawrence ».
catalogue d'exposition, Paris New York, Centre Pompidou, 1977.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Victor Vasarely

« Il y a là des Russes, des Roumains, des Polonais, des Allemands, et cependant il n’est jamais question d’abstraction ou de constructivisme ; quant au Bauhaus, son nom lui-même est pratiquement inconnu. A l’époque, Malevitch est totalement ignoré à Paris […] » .
Entretien avec Jean Clay, « La géométrie mouvante de Vasarely », Réalités, n°230, mars 1965, p. 84.

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Maria Helena Vieira da Silva

« Je suis venue à Paris uniquement pour des raisons intellectuelles et au détriment de toute raison pratique. Pour étudier l’art et pour connaître le monde, car il me semblait qu’à travers Paris on pouvait avoir une idée plus complète que partout ailleurs de la pensée du monde […] Si je n’étais pas venue à Paris à ce moment précis -1928-, je n’aurais pas pu continuer à travailler. J’avais besoin du moyen avec lequel je me sentais armée pour partir vers l’espace inconnu et c’était à Paris seulement que je pouvais le trouver ».
1958, Arts, réponse à Alain Jouffroy sur l’avenir de la peinture à Paris

En savoir plus sur l'artiste

Atelier de Zao Wou-Ki

« Mon père m’a donné trente mille dollars. "Tu vas aller en France", m’a-t-il dit, "pendant deux ans pour te dorer". Se dorer, cela veut dire que l’on va à l’étranger pour faire des études, sinon on ne peut pas devenir professeur à l’université et on reste toute sa vie lecteur ».
Autoportrait, Zao Wou-Ki, Flammarion, 1988.

En savoir plus sur l'artiste